Vive le vingt cinquième anniversaire de l’insurrection de 1979 et le trente troisième anniversaire de la fondation de l’Organisation des Guérilleros Fédaïs du Peuple d’Iran (OGFPI)


Chers compatriotes combattants

Les 8 et 11 février sont deux jours historiques dans les luttes du peuple iranien. De grands jours qui nous rappellent le début de la lutte armée contre le régime dictatorial du Chah et le renversement du système monarchique en Iran.

Aujourd’hui, 33 ans se sont écoulés depuis le jour où les Guérilleros Fédaïs du Peuple d’Iran ont attaqué le poste de garde de la gendarmerie dans la commune de Siahkal (ville située dans la région forestière du nord de l’Iran – NDT) et ouvert ainsi une nouvelle page dans les luttes du peuple d’Iran. A l’époque, en réponse aux nécessités de la lutte, les Fédayins du Peuple ont choisi la violence révolutionnaire face à la politique de soumission et d’inaction défendue par les réformistes du parti Toudeh. En peu de temps, l’incendie déclenché le 8.02.1971 dans les forêts de Siahkal s’est propagé à tout le pays. Malgré l’arrestation et l’exécution de 15 combattants des Fédaïs de Siahkal, le mouvement de guérilla - en liaison avec les luttes des travailleurs et les couches laborieuses de la société - s’est transformé en un mouvement général. En février 1979, quand des millions d’Iraniens se sont soulevés contre le régime despotique du Chah, en suivant une analyse juste de la situation, l’OGFPI fut la première force qui a attaqué militairement les centres des organes d’oppression du régime monarchique.

Finalement, le 11 février 1979, le peuple iranien s’est soulevé et a renversé le régime monarchiste, vieux de 2500 ans. Malgré le soulèvement populaire et la prise d’armes contre le régime du Chah, le peuple iranien – pour cause de croyances religieuses et par manque de conscience - a fait confiance à un certain Khomeiny. C’est ainsi que la révolution a été déviée à mi-chemin.

Cela fait désormais 25 ans que, sur les ruines du régime monarchiste, a été instauré un régime encore plus despotique répondant au nom de République islamique d’Iran (RII). La dictature islamique n’est pas seulement imposée de façon féroce aux forces révolutionnaires, mais aussi à chaque intellectuel et chaque opposant. Il faut être très naïf pour imaginer que Khomeiny, et les éléments religieux qui l’entouraient, ont pu - à eux seuls - dévier la révolution ou repousser les forces révolutionnaires. Bien que les principaux meneurs du jeu et les exécutants étaient les éléments religieux et les proches de Khomeiny, les changements de personnel au sein des organes militaires et de l’appareil bureaucratique du régime du Chah au profit de la RI ont été principalement programmés et réalisés par l’impérialisme américain et ses partenaires européens. Un scénario qui est encore répété par l’impérialisme mondial dans beaucoup d’endroits sur la planète. Encore aujourd’hui, dans n’importe quel pays de dictature où le système perd de son efficacité dans la répression de la population, l’intérêt mondial du capitalisme exige le changement des acteurs sur place. Ce changement doit être réalisé avec un maximum d’adresse afin de préserver la structure de l’appareil de répression et de changer simplement le parti et ses éléments au pouvoir. Ainsi, au fur et à mesure que les pions politiques changent, l’armée et les autres institutions répressives aussi changent de couleur. Ce processus dure jusqu’au jour où les éléments nouveaux finissent par s’organiser et arrivent à contrôler la situation. A ce moment-là, les organes de la répression déclarent leur neutralité, l’armée devient « populaire » et rejoint à la population ?! Dans un délai de quelques jours ou parfois de quelques heures seulement, toute l’ancienne organisation de la répression déclare sa fidélité au nouvel Etat et jure de nouveau se mettre au service de la population et de l’Etat populaire.

Dans les dernières années de la vie du régime du Chah, dans une période où - faisant preuve d’une volonté inébranlable - la population s’était soulevée contre le régime dictatorial des Pahlavi, ce scénario a été réalisé contre les révolutionnaires et pour stopper tout changement révolutionnaire en Iran. Au cours d’une période assez longue et principalement à partir de l’installation de Khomeiny à Paris, la complaisance envers les forces répressives du régime du Chah a duré jusqu’au jour où une force paramilitaire a été créée. Cette force a par la suite été nommée les Gardiens de la Révolution. Les Gardiens de la Révolution, appelés aussi l’Armée de l’Islam, avaient pour mission de sauvegarder le système capitaliste iranien. Sans doute, la réalisation d’une telle politique est plus économique et plus populaire que l’invasion et l’agression des autres pays, comme ce qui se passe aujourd’hui en Irak.

Depuis l’instauration de la RII par Khomeiny jusqu’à aujourd’hui où elle est menée par Kameney, la population iranienne vit dans des conditions difficiles. Dans les premières années du régime islamique, à cause des huit années de guerre contre l’Irak, des centaines de milliers d’Iraniens ont perdu la vie, des millions ont été blessés ou sont devenus des réfugiés, des dizaines de milliers de révolutionnaires et de progressistes ont été exécutés et encore aujourd’hui, toute opposition au régime est sanctionnée par la torture, la prison et l’exécution. Pendant toute cette période, les richesses naturelles de notre pays ont été bradées aux Etats-Unis, au Canada, à la France, à l’Italie, au Japon, etc… Jusqu’à aujourd’hui, en échange de ce pillage flagrant, les grands pays industriels ont soutenu le régime de la RII sur la scène internationale. Ils nous exportent leurs produits de consommation, et surtout leurs équipements militaires démodés et anciens. Depuis l’instauration de la RI jusqu’à ce jour, les courbes de ces échanges étaient toujours à la hausse à leur profit. Si au début de l’instauration de la RI, les pays européens commerçaient avec ce régime en secret, aujourd’hui, sous prétexte de « dialogue critique », ils trompent leurs opinions publiques et continuent ouvertement leurs compromis avec l’Etat iranien.

Ces 25 dernières années, le gouvernement islamique a bien compris la faiblesse des Européens et la concurrence au sein du monde capitaliste. Ainsi, depuis longtemps, la condition fondamentale posée par la RI à la conclusion de grands contrats avec les pays européens est d’une part leur soutien ouvert à la RI et d’autre part l’hostilité et les restrictions imposées à l’encontre de l’opposition iranienne par ces pays.

Derrière les bonnes relations entre la RI et les pays capitalistes occidentaux, il y a une sorte de « futurisme » à long terme de la part des deux parties. Chacune des parties, à sa façon, est en train de se procurer les équipements nécessaires pour ses intérêts à long terme. Les pays européens et les Etats-Unis, en investissant sur une fraction au pouvoir, essayent de conserver leurs intérêts à venir en Iran. Cette fraction dite « réformiste » a joué ces dernières années un rôle au sein du régime. Pour compléter cette politique, les pays européens et les Etats-Unis ont procédé à la création de différentes organisations, de clubs démocratiques, de centres artistiques et culturels en Iran et à l’étranger.

Dans un passé récent, cette politique a été efficace dans beaucoup de pays, et principalement en Europe de l’Est et en Amérique latine. Suite à chaque changement et évolution de la situation en Iran, afin de dévier le mouvement, ces groupes agissent comme les pions du monde capitaliste. Dans la plupart des cas, la communication, l’organisation de rencontres et de réunions entre d’un côté les fractions et les groupes pro-impérialistes de l’Iran avec les mouvements pro-capitalistes à l’étranger de l’autre côté sont réalisés directement par les impérialistes. Comme ce qui vient de passer à Berlin. A propos des rencontres à Berlin, il faut ajouter que les pays impérialistes ont offert des moyens à quelques groupes d’ « opposition » et des éléments pro-capitalistes mondiaux à l’étranger. Ainsi ces groupes, qui s’appellent l’Alliance des Républicains, ont pu inviter environ une cinquantaine d’éléments du Parti de la Participation et d’autres formations pro-Khatami (président de la RII) à Berlin. Ces actions sont vouées à l’échec. Car les acteurs de ces scénarios sont tellement démasqués, discrédités et déconsidérés que personne ne leur fait confiance. Dans les meilleurs des cas, pour le monde capitaliste, ces marionnettes peuvent être utilisées dans des assemblées du type « Loya Jirga » de l’Afghanistan.

Depuis quelque temps, la fraction réformiste dirigée par l’actuel président de la république, Mohammad Khatami, a perdu le pouvoir politique. La démagogie de cette fraction et les propagandes des impérialistes en sa faveur sont orientées de façon à assurer leur avenir et l’intérêt du capitalisme mondial. Ces dernières années, il y a eu beaucoup de hauts et de bas dans les conflits entre les dirigeants des fractions conservatrices et réformistes. Pendant les huit années de guerre Iran-Irak, quand les intérêts des différentes fractions étaient bien préservés, Rafsanjani (ex-président de la république et actuel président du Conseil du Discernement – ndt) était « commandant de la reconstruction ». Les Européens le présentaient comme un personnage « logique et réformateur » et dans le pays, les dirigeants du régime le comparaient à Amir Kabir (premier ministre iranien sous la dynastie Quadjar – 19ème siècle. Personnage progressiste et réformiste – ndt). Mais quand les intérêts des réformistes ont été mis en question, ils l’ont traité de sanguinaire. Et les Européens l’ont considéré également comme un personnage terrifiant et criminel. Tous les Iraniens considèrent Rafsanjani comme un criminel.

Dans la situation iranienne actuelle, presque tous les moyens de propagande sont aux mains des pro-occidentaux. Aujourd’hui, tout propos sur le changement et l’utilisation de la violence légitime contre le régime de la RII est condamné ouvertement par les serviteurs de la bourgeoisie. Pour le système mondial du capitalisme et tous ses éléments, la première condition pour être qualifié de démocrate est de croire en l’organisation d’un « referendum » en Iran. Afin qu’une fois de plus, le pouvoir politique puisse changer de mains. Aujourd’hui ces messieurs invitent ouvertement les autres forces politiques à se mettre d’accord pour ne pas utiliser la violence révolutionnaire dans les évènements à venir. Toute force révolutionnaire qui ne se soumet pas à ces conditions des impérialistes et de ses valets iraniens doit s’attendre à toute sorte d’accusations et d’injures.

Ces dernières années, des dizaines de partis et d’organisation ont vu le jour. Presque la totalité de ces formations se considèrent comme le leader du mouvement, sans avoir aucune ancienneté dans la lutte ni un minimum d’expérience politique. Certaines de ces formations assument ouvertement le rôle de base arrière du Parti de la Participation (principale formation des réformistes – ndt) et des courants de 23 mai 1997 (date de la première élection de Khatami à la présidence). Ces clubs et ces organisations invitent indirectement la population à soutenir le sit-in des « réformistes » au sein du Parlement. Tout le bruit autour du sit-in des députés du Parlement ne peut rien changer au système gouvernemental. Par contre, il provoque de plus en plus la fraction conservatrice afin d’écarter tous les « réformistes » des postes clés de l’Etat. Supposons que ces réformistes restent encore à leurs postes, les Iraniens oublieront-ils les crimes et la répression organisés et exécutés par ces messieurs ? Il n’y a aucune différence entre la fraction réformiste et la fraction conservatrice. Les « réformistes » ont prouvé que leur opposition au guide suprême de la RII et à la velayt-e-faghih (autorité suprême du docteur religieux le plus compétent en qualité de représentant du prophète ou de l’imam caché chez les Chiites – ndt) était due à la diminution de leur part d’intérêts économiques. Ainsi, les « réformistes », ne peuvent ni s’opposer sérieusement à la « constitution » ni s’entendre avec la « constitution ». En plus, aujourd’hui que le président Khatami s’approche de plus en plus vers la fraction conservatrice, les « réformistes » ne sont pas prêts à couper leurs relations avec lui. Car leurs intérêts sont de plus en plus intégrés aux intérêts des conservateurs et aux nécessités de sauvegarde de la RI. De plus, ce courant sait parfaitement qu’il ne peut pas maîtriser ni contrôler la situation avec l’aide des pays étrangers car, lorsqu’il était au pouvoir, il a bien participé à la répression de la population. Par conséquent, les réformistes - qui font partie intégrante du régime de la RII - n’ont pas d’autre choix que de laisser la fraction adverse prendre le contrôle de la situation, au lieu de prendre le risque de voir la population dans les rues. Pour les réformistes, le mouvement actuel est comme choisir entre la mort ou la vie. La décision de quitter la scène politique, au prix et au risque de comptes à rendre dans l’avenir, laissera quand même une chance de survie pour les réformistes. Par contre, toute résistance face à la fraction adverse donnera plus de chance à l’initiative populaire, ce qui mettra en péril leurs intérêts. Si les réformistes s’adressent à la population, ce sera comme une sorte de suicide. C’est pour cette raison que les slogans de ces messieurs ont changé fondamentalement ces dernières semaines. Si au début, ils parlaient de leur «résistance » et de « changement de la constitution » pour écraser le pouvoir du Conseil de Sauvegarde de la Constitution, à la fin ils ont retiré ces revendications et se sont rendus.

Travailleurs et laborieux Iraniens,

Dans la situation actuelle, toute la population iranienne s’oppose ouvertement au régime de la RI. Aujourd’hui, les conditions pour le renversement de ce régime et pour l’instauration d’un Etat démocratique sont favorables. Pour l’instauration d’un Etat basé sur la démocratie, bannissant la dictature et le despotisme, il faut s’unir. Créer une union basée sur la lutte commune et la reconnaissance de droits démocratiques de la population. Les luttes dispersées et les sacrifices individuels ne peuvent pas nous conduire vers la victoire. Il faut que les forces fidèles à la révolution et à la démocratie agissent ensemble. Dans les évènements récents à Khatoune Abad, les travailleurs ont agi ensemble. Et malgré la suppression et le massacre des travailleurs, leur solidarité et leurs actions communes ont pu inévitablement influencer les autres couches de la société.

Ces dernières années, à cause de l’affaiblissement des organisations révolutionnaires, des courants variés d’organisations et de personnes ont vu le jour au sein du mouvement. Ces gens qui se présentent en apparence comme des démocrates et des républicains soutiennent la consolidation des positions du capitalisme mondial en Iran. Ces gens et ces courants condamnent ouvertement toute violence révolutionnaire contre l’impérialisme et contre le régime de la RII. Leurs politiques démagogiques ignorent régulièrement le passé des organisations révolutionnaires et toute relation dans le cadre d’un parti. Depuis longtemps, ces courants et ces individus exclus utilisent différents noms pour tenter de s’infiltrer au sein du mouvement d’opposition en s’accrochant à des slogans comme « Alliance socialiste », la gauche, les associations de travailleurs. Ces éléments utilisent même des noms de fedayins et de communistes pour tromper les fidèles du socialisme et les militants révolutionnaires actifs. Dans la phase actuelle, à côté de l’intensification de la lutte révolutionnaire contre le régime de la RII, la lutte contre les courants réformistes et les idées erronées et déviationnistes au sein du mouvement ouvrier et populaire revêt une importance non négligeable. Pour mettre un terme à la situation actuelle, nous devons nous unir avec les forces fidèles à la révolution. Le boycott des élections législatives du 21 février par la population iranienne peut être le point de départ pour une alliance générale.


Organisation des Guérilleros Fédaïs du Peuple d’Iran
08.02.2004

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